Traité des libres qualités : tout un programme

Un philosophe belge, Pascal Chabot, nous propose dans son traité, une série de réflexions qui donnent à penser….particulièrement intéressantes pour tous ceux qui s’intéressent à la notion de qualité, à sa fausse évidence, à ses apports et limites.

Dans une pensée qui aborde de très nombreux domaines comme le montre le résumé ci dessous, il fait d’abord l’hypothèse que la qualité est devenue « une des plus crédibles candidates à la place convoitée de figure du Bien ». Mais à rebours de pensées uniquement critiques et technophobes, il prend acte de l’intérêt de la notion, pourvu qu’on ne la réduise pas. Car  » finalement on ne sait pas ce qu’est la qualité, ce non savoir étant peut-être la marque la plus sure à laquelle on la reconnait ». Il rappelle l’histoire de la disjonction majeure du 17° siècle entre qualités objectives et mesurables et qualités sensibles et subjectives de l’autre dont l’impact reste considérable. Il développe ainsi la nécessité d’une réflexion sur la qualité qui articule qualités contraintes et libres qualités, comme on peut facilement le comprendre dans le travail de soins (articulant règles de l’art et attention à l’autre). Pour lui, positivement la question de la qualité amène à se préoccuper du « merdique » qui constitue une des facettes possibles de toute production qu’elle soit de produits ou de services (chacun aura ses propres exemples).

Son approche, prônant une réflexion élargie sur la qualité de vie des êtres, se veut inscrite dans une pensée systémique et relationnelle privilégiant les qualités élargies, et cherchant une synergie entre « progrès utile et progrès subtil ».

Pour notre secteur qui a vu s’implanter nombre de démarches qui font comme si la qualité ne pouvait être que le produit de l’application des règles et des procédures (même si tout le monde sait que c’est un leurre), c’est une pensée qui fournit des appuis solides.

Résumé :

« La qualité est une de ces abstractions dont la philosophie a la charge. Comme la réalité, l’esprit ou le bien, elle est difficile à définir. On pourrait dire d’elle ce que saint Augustin disait du temps : si personne ne me demande ce qu’est la qualité, je le sais ; si je cherche à l’expliquer à quelqu’un, je ne le sais plus. Car la qualité, comme le temps, fait partie de ces notions fondamentales qui structurent notre rapport au monde. Elles sont les socles sur lesquels s’édifient nos univers mentaux. Elles sont des évidences que la vie ordinaire s’épargne d’interroger, mais sans lesquelles pourtant cette vie ne serait pas possible, ni n’aurait de sens. » En 2 parties, 12 chapitres et 114 paragraphes, le philosophe montre comment une notion devenue centrale peut se faire l’instrument de notre asservissement au techno-capitalisme mondial tout autant que l’outil précieux de notre résistance au toxique et un mot d’ordre pour vivre mieux. PUF 2019

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